L'église Saint-Martin édifice du XIIème siècle où les colonnes engagées couronnées de chapiteaux recevaient les nervures d'une voûte sur croisée d'ogives remplacée aujourd'hui par un lambris.
C'est un édifice imposant installé sur une ile tourbeuse formée par deux bras de l'Aigre et entouré jusqu'en 1837 par un cimetière.
Etablir une église de cette grandeur sur un terrain instable et humide n'était pas rationnel et les concepteurs ont été forcés de prendre des solutions adaptées.
Une charte de 1144, confirmant la donation de l'église à l'abbaye de Pontlevoy, prouve l'existence d'un bâtiment antérieur, qui a disparu au cours de la construction de l'édifice actuel.
Dans l'hémicycle du sanctuaire, actuellement sacristie, trois arcs murés donnaient accès à des chapelles rayonnantes, disposition inhabituelle dans la région. Le clocher, accolé au sud, est une tour carrée dont le rez-de-chaussée voûté et ouvert sur la nef faisait office de chapelle. Pendant la guerre de Cent ans, ce monument fut transformé en fort : chevet renforcé et crénelé ; tour réparée après une brèche et munie d'archères et d'une cheminée, suppression des voûtes. Lors des guerres de la fin du XVIème siècle, les Ligueurs y établirent une garnison et laissèrent l'édifice en piteux état. Fresques XV-XVIème siècles dans la nef et le chœur. Réparation en 1747, 1822, 1836, 1968.
L'abside et la nef, à l'origine, l'abside de l'église Saint-Martin est flanquée de quatre puissants et saillants contreforts entre lesquels s'intercalent trois chapelles rayonnantes, voûtées d'arêtes et éclairées par trois fenêtres. La chapelle axiale a un soubassement creux, qui recouvre une fontaine. Les fondations sont massives et continues d'un contrefort à l'autre. Elles sont posées sur le sol calcaire à une profondeur estimée à 2,50 m. celles de la fontaine s'enfoncent jusqu'à 3,50 m.
La nef a cinq travées, toutes d'inégales longueurs et respectivement en partant de l'abside. Les voûtes d'arêtes étaient soutenues par des demi-colonnes engagées dans le mur et des chapiteaux. En hauteur, un prolongement en dosseret sert de pilastre aux arcs formerets. On peut considérer que la première travée fait office de chœur avec ses chapiteaux plus massifs et ses fenêtres moins hautes.
La base des colonnes n'est plus visible et se trouve à 1 m sous le pavage actuel. A l'extérieur, le long et dans le mur nord, un important et saillant contrefort quadrangulaire dissimule un escalier en colimaçon, qui permettait l'accès aux combles, au dessus des voûtes.
Les voûtes, ont été peintes au début du XIIIe siècle. C'est un quadrillage rectangulaire imitant des joints, fait de deux traits à l'ocre rouge sur un fond blanc. Les traces de ces peintures se voient de nos jours sur la grande arcade qui faisait communiquer autrefois le clocher et la nef, sur les départs de l'arc de la façade ouest, au mur sud sous une peinture de Saint-Jacques, de la fin du XVe siècle. L'existence de ce décor prouve de façon certaine l'achèvement du couvrement de l'église et sa décoration complète. Malheureusement, par le fait de la guerre de Cent Ans ou tout simplement à cause de l'écartement progressif des colonnes, tout a été démonté ou s'est effondré avant la fin du XVe siècle ; à cette époque, la nef a reçu son décor actuel et des peintures ont été faites au dessus des colonnes à l'emplacement des reins des voûtes, ce qui prouve leur disparition. Avec la construction de la voûte en bois en carène de bateau renversée, l'escalier, qui desservait les combles, devint inutile et ne servit plus que pour atteindre le sommet du mur.
La façade ouest, avait un grand arc formeret qui faisait toute la largeur de l'église et reliait les deux murs latéraux de la nef. Elle a été
entièrement reconstruite à partir de son angle sud-ouest et ces travaux ont été menés jusqu'au mur nord, qui lui-même a été refait sur une longueur de 7,20m. la porte et la fenêtre actuelles font partie de cette restauration. Dans le mur nord, on a supprimé au cours de cette réparation deux fenêtres, il est moins épais qu'à l'origine et la colonne que l'on a pris soin de réédifier est en retrait par rapport à sa position primitive et à ses sœurs. Ces travaux ont dû avoir lieu avant la fin du XVe siècle, puisque la bordure ocre de la peinture de l'annonciation est au niveau du décrochement.
Les sols successifs. L'église était dallée de pierres appareillées. Nous avons retrouvé une partie de ce dallage ou, une marche y conduisant, à 70 cm de profondeur, lors du sondage qui a été pratiqué au cours de la réouverture du portail sud. Dans la nef, ce dallage est à 1 mètre de profondeur et un pavage intermédiaire existe sous l'actuel à une profondeur de 3à à 38 cm.
Le fond de l'abside séparé de la nef par le retable a été transformé en sacristie. On peut y voir un lavabo et un placard insérés dans les montants, qui séparent les chapelles :
Le lavabo est contemporain de la construction de l'abside : il est parfaitement chaîné avec les pierres de taille du montant ; son fond est sculpté d'une grande coquille de Saint-Jacques.
Le placard est grossièrement ajusté dans la maçonnerie. Il a été construit après le remblaiement, à 80 cm du pavage.
Le mobilier est actuellement réduit : un retable de pierre du début du XVIIème siècle, surmonté d'une charrié de Saint-Martin en pierre de même époque , un buffet du XVIIème, qui servait aux délibérations de la fabrique, une Vierge à l'enfant en pierre tendre polychromée du XVème siècle et un grand crucifix, érigé le 23 avril 1690, sur un grand arc de bois à la jonction du cœur et de la nef et qui depuis accroché au mur sud.
Toute l'église était peinte, mais seuls quelques éléments du registre supérieur des peintures du XVème siècle subsistent.
Dans la chapelle nord de l'abside, des peintures composées d'une série de « L » couronnés, avec au sommet un cœur et les initiales du Christ dans une couronne de lauriers, indiquent que la chapelle a été dédiée au Sacré-Cœur, probablement vers 1680-1690. Dans la chapelle sud, ménagée dans les maçonneries élevées au moment de la fortification, une niche avec une petite ouverture semble être une cachette, qu'il était facile de murer en cas de conflit.
Le clocher, est une tour en pierres de taille de 16,90m de hauteur, surmontée d'une flèche en charpente de 13m. Son plan est quadrangulaire, 9 m par 9m.
Le rez-de-chaussée, voûté d'ogives, communiquait largement avec la nef par une grande arcade. Trois fenêtres disposées sur l'axe de symétrie de chaque parement l'éclairaient abondamment.
A chaque angle, des colonnes en pierre calcaire, à base gothique, soutiennent la croisée d'ogive par l'intermédiaire de chapiteaux à feuilles d'acanthe et à palmettes surmontés de tailloirs moulurés. La clef de voûte représente le Christ bénissant ; les clefs des formerets sont sculptées de trois bustes et d'un masque de femme. Les ogives, les chapiteaux, les clefs, sont en tuffeau.
On accède à l'étage et à la charpente par un escalier en colimaçon dissimulé dans le contrefort gauche de la façade ouest.
Le premier étage, non voûté, était éclairé par quatre fenêtres toujours disposées sur l'axe de symétrie des parements. Avant 1930, le toit de l'église et la tour étaient indépendant.
A l'extérieur, chaque façade est composée de deux contreforts, qui encadrent un parement.
Pour la défense, l'abside est modifiée et le clocher réaménagé, l'église est devenue : LE FORT SAINT MARTIN
LES FONTAINES
A l'origine, le chevet de l'église était composé de trois chapelles encadrées par quatre contreforts. Une fontaine était insérée sous la chapelle axiale. Lors des aménagements militaires, les chapelles ont été démontées et leurs pierres ont servi à doubler l'épaisseur du chevet.
L'accès externe de la fontaine fut condamné.
Cette fontaine monumentale est l'élément le plus spectaculaire de l'église. Son bassin rectangulaire est engagé perpendiculairement sous le mur du chevet, et donne accès à deux puisages d'eau différents.
1°- à l'extérieur, puisage public, par l'intermédiaire de trois margelles insérées sous un auvent de pierre souten
u par les contreforts du chevet et deux piliers.
2°- à l'intérieur de l'église, puisage sacré, au centre de la chapelle d'axe qui est devenue la sacristie actuelle, par un puits de section carrée qui s'évase vers le bassin.
La garnison installée dans l'église et le clocher, pouvait par cet accès intérieur à la
fontaine s'alimenter en eau et soutenir un siège face à l'ennemi. A l'extérieur, façade ouest, une autre fontaine s'enfonce sous un contrefort. Les deux fontaines ont été redécouvertes de 1987 à 1990. Un important mobilier archéologique y a été recueilli : céramiques, diverses armes, étains.
LE CLOCHER
Cette tour en pierres de taille donne une impression de construction luxueuse élevée grâce à des moyens financiers puissants sous la direction d'un maître d'oeuvre compétent.
C'est l'élément le plus tardif de l'église avec une belle décoration intérieure datant de la fin du XIIe siècle.
Au XIVe siècle, cette tour de prestige va devenir en même temps que le chevet de l'église un élément fortifié du "Fort Saint Martin".
A l'extérieur, des meurtrières sont installées pour couvrir les points stratégiques.
A l'intérieur, la grande arcade qui communique avec la nef est fermée et le volume divisé par un plancher de bois
Le retable du XVIIe siècle est surmonté d‘une Charité de Saint Martin en pierre.
En dessous, un tableau signé L. Loyseau, daté de 1683 a été restauré en 2003.
A droite de l'autel, Vierge à l'enfant en pierre tendre, polychromée du XVe siècle.
Elles sont visibles à gauche de la nef et dans le chœur, elles datent de la fin du XVe siècle et ont été découvertes en 1893.