Manoir du Jonchet, le manoir du Jonchet est un vaste quadrilatère d'époque Henri IV, dont les fondations plongent dans de larges douves alimentées par les eaux de l'Aigre. (Privé)
Situé en aval du bourg, sa masse se détache sur le revers d'un coteau presque entièrement masqué par les ombrages du parc. Les bâtiments, affectant la forme d'un U majuscule, s'organisent à partir d'un majestu
eux pavillon central placé en saillie, coiffé d'une haute toiture pyramidale. Ce châtelet d'entrée est éclairé sur chacune de ses deux façades, par trois fenêtres classiques surmontées de lucarnes à fronton triangulaire. De part et d'autre, se développent les ailes beaucoup plus basses du logis d'habitation, prolongées par les pavillons d'angle formant bastions. Leur unique étage « piono nobile » est éclairé par une suite de hautes baies, dont les frontons triangulaires sculptés de rinceaux se détachent à la base des combles d'ardoise. Les corps de bâtiments en retour d'équerre servaient de dépendances, comme le révèlent leur architecture plus rustique et la présence de portes cochères.
L'extrémité du terre-plein est marquée par deux pavillons d'angle isolés, semblables aux précédents. Le premier abrite la chapelle ; le second, desservi par une tourelle d'escalier, contenait un pigeonnier dans sa partie supérieure, et fut transformé en habitation à l'époque Louis XIV. Le pont dormant qui franchit les douves, dans l'axe du pavillon d'entrée, conduit à une terrasse transversale d'où l'on découvre le parterre, créé à partir d'un modèle vénitien du Cinquecento. Dans ce vaste espace entièrement gazonné, encadré de murets de feuillage, des cordons de buis taillés déterminent six secteurs rectangulaires, dans lesquels s'inscrivent des motifs circulaires.
Vraisemblablement fondé à l'époque médiévale, le manoir du Jonchet appartenait à Jacques de Lyon, écuyer, seigneur de Bouville. A ses vestiges, inclus dans l'aile sud du château actuel, appartiennent deux curieuses cheminées monumentales, l'une décorée de moulures prismatiques torsadées, l'autre, de rinceaux et de motifs géométriques.
En 1558, Jacques de Beaufils, sieur d'Orgères, vendit le domaine à Marie Lelièpvre, veuve de Jacques les Hayes, seigneur d'Ouzouer-le-Doyen. Leur fils Jacques s'en défit à son tour, en 1593, au profit de Michel Sublet d'Heudicourt, conseiller du roi en son Conseil d'Etat et Privé, premier intendant et contrôleur général de ses finances. Une quittance datée de 1600 fait état des travaux de restauration que ce dernier dut effectuer sur le manoir, à la suite du siège mené en 1592 par les troupes royales, pour en déloger les Ligueurs.
En 1606, le Jonchet passa à son fils cadet, Pierre, conseiller du roi et trésorier général de l'Ordinaire des Guerres, qui donna au château son aspect actuel, très voisin de celui d'Heudicourt, élevé à la même époque par l'aîné, Claude. C'est Pierre Sublet d'Heudicourt qui fit élever le corps de logis principal, avec le pavillon d'entrée qui l'enfourche, ainsi que la moitié occidentale de l'aile nord et les pavillons d'angle. Jacques de Pleurre, qui acquit le domaine en 1664, et ses successeurs, Jean-Nicolas et Gabriel, conseiller au Parlement et intendant de la Rochelle, se bornèrent à relier les communs au logis principal, et à rendre habitable le pavillon du pigeonnier. Les dernières transformations notables : la création de l'escalier d'honneur- sont à mettre à l'actif de Louis-Hilaire du Bouchet, comte de Sourches, qui acquit en 1759 la seigneurie de Romilly. La duchesse de Tourzel, qui en hérita en 1805, vendit le Jonchet à André-Julien Dupuy, sénateur et comte d'Empire, dont la veuve le céda à son tour, en 1817, au comte de Tarragon.
Ancienne seigneurie relevant de Montigny-le-Gannelon. La restauration de ce château ruiné a été réalisée par l'architecte Fernand Pouillon (il s'agit d'un des plus grands architectes français du 20ème siècle, à la fin des années 50. Il appartient depuis quelques années à M. Hubert de Givenchy.